L'enfant noir


Voici une oeuvre qu’il me tenait à coeur de présenter pour introduire les lectures de kumalafôlô :-)

CAMARA Laye est un auteur qui a toujours fait partie de ma vie sans que j’aie l’occasion de véritablement l'explorer, jusqu’aujourd'hui. Chaque fois que je me présentais, CAMARA Laye était l’une des références utilisées pour situer la Guinée. Je me souviens de mes premiers jours d’école au Sénégal, à argumenter avec les autres élèves pour convaincre que CAMARA est son nom de famille et non son prénom. Je me rappelle les discussions sur les auteurs de la négritude et ceux de l’aube des indépendances africaines...



L’Enfant Noir est le récit de la vie d’un enfant de Kouroussa, en Haute-Guinée, que l’on accompagne dans son voyage initiatique pour rejoindre le sentier des hommes.
L’histoire commence dans la concession familiale où le jeune garçon vit son premier cercle social: la famille. A travers son regard, on y découvre son père et la mystique qui enveloppe le métier de forgeron. Nous suivons ses pas courant vers sa grand-mère à Tindican, et l’on se sent comme porté par le bonheur des retrouvailles! Le petit Laye nous raconte la vie rustique des champs, le souci de la liberté d’autrui et le respect des coutumes. Et c’est sa mère, Daman, à qui il voue admiration et fascination, qui représente le socle de ses croyances ancestrales. Il tient à témoigner de son autorité naturelle, son indépendance et sa fierté de femme africaine. 

Mais Laye regrette de ne pas être davantage ancré dans sa culture, il va à l’école française et sent déjà qu’il avance vers un avenir différent de celui de ses frères de case. Il endure les mêmes épreuves d’initiation, partage avec eux la douleur de la circoncision mais sa condition à lui n’est pas celle de la houe. Une fois devenu homme, il partira donc à Conakry, la capitale, pour y poursuivre des études techniques. Le contraste entre l’Afrique et l’Europe s’y fait plus évident à travers son oncle, mais reste dans l’ombre d’une adolescence encore pleine de candeur. Après un hiatus médical, il retrouve le chemin de l’école et découvre en même temps celui de l’amour. Si Fanta, son amie d’enfance, avait guidé ses premiers pas, cette fois, c’est avec Marie, que l’amour se révèle! Sa beauté métisse le fascine et ce sentiment naissant le mène vers des contrées inexplorées dans son cœur. 
Le voyage de Laye continue jusqu'aux portes lointaines de la France qui s’ouvrent à lui. C'est un nouveau déchirement pour ses parents qui ne lui souhaitent que la meilleure des chances qu’eux-mêmes n’ont pas eu, mais restent conscients du sacrifice nécessaire au succès de leur fils.

CAMARA Laye a moins de 30 ans en 1953 quand il publie L’Enfant Noir à Paris. Il est loin de son pays et est nostalgique d’une enfance guinéenne pleine d’espoir et d’insouciance. A une époque où les discours anti-colonialistes sont légion, il choisit de partager les souvenirs d’une vie qui parait dénuée des souffrances de l’oppression française. Il nous dépeint une vie africaine comme on ne nous montre pas souvent en ces temps-là. Ses détracteurs l'accusent de complaisance voire de déni face à l’occupation coloniale, d’autres défendent une oeuvre écrite dans la reconnaissance d’une humanité africaine où la famille, l’amour et la liberté de choisir son chemin de vie sont des valeurs universelles.

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